Découverte

La musique des plantes

Le monde ne se limite pas qu’aux capacités sensorielles de l’Homme.

Il y a quelques années de cela, je suis tombé sur les travaux de Cleve Backster et Jean Thoby. Intrigué, je me suis documenté sur ce qui avait poussé ces chercheurs (qui n’en étaient pas à la base) à tenter de dialoguer différemment avec leurs plantes. Car si c’est une chose à laquelle je suis habitué dans ma pratique quotidienne et dans mon rapport au monde, s’en est une autre de le traduire avec des outils scientifiques. J’ouvrais sans le savoir, la porte d’un monde en construction, celui de l’Homme qui renoue avec le vivant, par les moyens qui l’en a éloigné.

Quelques années plus tard, la vie m’avait remis sur le chemin de Jean Thoby et de la musiniérie, et je me décidais à acheter un petit boîtier en bambou afin de capter le son produit par les plantes. Fonctionnant sur un principe assez simple, l’appareil permet de capter le signal électrique passant entre 2 points : un capteur branché à une feuille à l’aide d’une petite pince à pression légère, et une tige, enfoncée dans le sol, près de la racine de la plante écoutée. Ce signal est ensuite traduit dans le boîtier en fréquences audibles pour nos oreilles, et différents instruments viennent s’ajouter pour composer selon nos envies.

 

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Des débuts magiques

Le boîtier traînait près de mon bureau, cela faisait 3 jours que je l’avais reçu, mais il ne m’était pas venu l’envie d’y toucher. Et puis un soir, je me décide de le récupérer, de me poster devant la maison, et de tenter l’expérience avec un abelia. Silence complet puis… quelques notes, une musique irréelle et douce, que je décide de tinter avec un glockenspiel. Je reste happé, comme pris par une expérience surréaliste, comme si j’écoutais le coeur d’un nourrisson battre.

Je suis resté ainsi, 10 min. avant de réaliser qu’il faisait nuit et que j’avais visiblement très froid. Le moment était magique, et quelque chose m’avait marqué : la plante décrivit des sons très sourds, presque éteins, lorsqu’une voiture passa dans la rue.

Une semaine plus tard, je me trouvais sur la presqu’île de Crozon, avec une amie, et l’appareil à nos côtés. Très curieux, nous testions les plantes une par une, afin de voir leur caractère, comprendre si l’une était plus “parlante” qu’une autre, observer les effets de l’environnement sur leurs dialogues internes… Quant à nouveau, le magnolia choisi décrivit des sons très sourds. Pas de voiture cette fois, mais 2 chiens qui se hurlaient dessus. Nous avons tous deux ressentis l’animosité et la colère, et la plante l’a également traduit dans son chant.

Nous décidions alors de jouer de la musique à côté, tantôt du classique, tantôt des choses un peu plus “fortes”. Comme à notre attente, la plante adaptait sa mélodie au rythme, mais avec une attention particulière sur la musique classique, qui donnait un ensemble bien plus harmonieux.

Nous continuâmes les expériences avant de ranger l’appareil et de remercier nos amies de ce beau partage, et d’aller approfondir ces éléments.

 

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Ces éléments ce sont des travaux, menés depuis des dizaines et des dizaines d’années, par des chercheurs et des scientifiques du monde entier, pour tenter de comprendre comment fonctionnent les végétaux. Parmi ces travaux, nous avons pu voir émerger la génodique, brevetée dans les années 90 par le physicien Joël Sternheimer. Celle-ci présente les protéodies (mélodies constituées à partir des ondes émises par les acides aminés, et donc des protéines) comme des outils de stimulation des différentes fonctions du végétal. Ainsi, en captant et en diffusant la mélodie émise par une protéine codant la défense face à l’attaque d’une chenille, on favorise la réponse du végétal ciblé face à son agresseur. Je schématise, mais l’idée principale est là. Et cela se transpose aussi à échelle humaine.

Des essais ont été menés dans différents endroits de France (notamment à la clinique Brétéché de Nantes) afin d’observer la réaction du corps face à des séances de musiniérie. La personne était placée dans un endroit calme, avec la plante, et avait comme consigne de se concentrer pendant 5 minutes sur la problématique qui lui faisait défaut. Par la suite, elle écoutait pendant 20 minutes le chant de la plante, et celui-ci était enregistré pour comprendre les mécanismes enclenchés. Les résultats (disponibles notamment dans le livre “Le chant secret des plantes” de Jean Thoby) montrent que les personnes ont obtenu un bénéfice net, puisque certaines ont vu leurs problématiques se résoudre complètement.

Si cela relève bien sûr d’essai, il n’en reste pas moins intéressant d’observer que ces outils tendent à démontrer que les soins réalisés par les chamans et autres praticiens traditionnels utilisant des plantes, ont une réalité mesurable qu’il va être de plus en plus difficile de nier.

Quoi qu’il en soit, si je n’encourage pas la technologie à outrance, je suis heureux de voir que ce type de recherche peuvent encourager à considérer le vivant autrement, et à inviter à élargir nos perceptions de celui-ci. Et si je ne creuserais pas infiniment dans la direction de la recherche en génodique, j’utiliserais tout de même l’appareil pour proposer des ateliers visant à sensibiliser ceux qui le souhaitent à un monde un peu plus vert et poétique.

Stefano mancuso

Quand j’entends dire que l’Homme va détruire la planète, je trouve cela très présomptueux.

Aller plus loin

Si ce sujet vous intéresse, vous pouvez allez consulter les ouvrages et sites suivants :