Druidisme

Retour sur mes années bardiques

Ça y est, le cycle est terminé.

J’ai suivi pendant 6 ans les cours de l’OBOD (Ordre des Bardes Ovates et Druides) en tant qu’apprenant barde. 6 ans pendant lesquels j’ai arpenté seul, puis en bonne compagnie, les sentiers du néo-druidisme. Car oui, si nous entendons parler de druidisme moderne, il convient de préciser qu’il n’est en rien celui pratiqué à l’époque. Et l’objectif n’est pas là. Comment installer une spiritualité et une pratique sur des fondements anciens et oraux ? A mes yeux, il est plus juste de considérer cela comme une adaptation actuelle de ce qui pouvait être à l’époque. Et à ce titre, je ne me considère pas vraiment comme un barde, mais plutôt comme un apprenant. Je n’ai pas sa fonction, mais ai vécu à ses côtés, afin de comprendre ses mœurs, et de s’en inspirer.

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Le rôle du barde

 

Si je devais imaginer ce qu’était un barde à l’époque, je dirais que c’était avant tout un passeur de savoirs, de traditions, comme l’on peut en trouver dans de nombreux peuples actuellement. Un conteur serait un terme plus juste, mais à nos yeux, il est souvent réducteur.

Il pratique l’art oratoire, à diverses fins : louanges, poésie, transmission de savoirs, porteur de messages, mais aussi de malédiction, car s’il excelle dans un domaine, c’est celui du Verbe et des Mots. Les plus talentueux d’entre eux étaient capables de retenir des milliers de contes et de poèmes, de vers et de chants. De nos jours, rares sont ceux qui parviennent à cela. Mais est-ce le but ? Doit-on reproduire ce que faisaient nos ancêtres (pour tant et soi peu qu’il s’agisse de leur réalité), ou bien s’adapter à notre environnement ?

Le barde actuel est toujours un passeur, un artiste, qui utilise son cheminement pour servir son art. Il sait faire virevolter les notes, ou tinter les consonnes. Il pratique seul, pour la nature ou les siens, ou en exerçant une profession associée. Il est chanteur, danseur, peintre, poète, il est le Mot, ou du moins son prolongement. Et si son rôle n’est plus de transmettre les savoirs du peuple, il dépose dans le cœur des Hommes, un brin de féerie.

Les éléments

 

C’est l’une des notions principales de notre école (ou plutôt association) : le travail des 4 éléments. Tout au long de notre cheminement (qui peut durer de 1 à 100 ans), nous voyageons successivement dans les éléments qui composent notre monde. Tour à tour, nous tâchons d’éprouver leur quotidien, de ressentir leur message, et ce qu’ils ont à nous apprendre.

L’air, l’eau, la terre et le feu, chacun d’entre eux m’ont appris et m’ont façonné. De leurs histoires je retire des briques qui peu à peu me solidifient. Je m’évade à leurs contacts et me ressource à leurs côtés, et lorsque le besoin s’en fait sentir, je les appelle pour qu’ils puissent m’aider. Je vous tairai ici ma relation, car elle fait partie des choses intimes, mais je puis vous expliquer au moins ce qu’ils m’ont raconté.

L’air apporte la liberté, et nous invite à prendre du recul. Tel un ouragan, il sait prendre le large lorsque les choses ne sont pas justes pour lui. À ses côtés, j’ai appris le détachement, et le voyage.

L’eau nous offre l’adaptation, et nous suggère de prendre un autre chemin. Coulant sur les rochers, elle ne s’arrête pas au moindre obstacle. Elle purifie par ses actes, et nous invite à essayer autrement.

La terre nous donne la richesse et la protection. Elle nous invite à nous retirer quand le besoin s’en fait sentir, et à nous blottir en son sein pour trouver le calme. Toute action nécessite un repos, et en elle, je puis le trouver.

Le feu nous donne l’énergie, la flamme qui fera vibrer nos âmes et nous permettra de déplacer des montagnes. Il est un père ardent qui nous apprend l’attention, car si nous virevoltons à d’autres sphères, il s’éteindra sans un mot. C’est un parent fidèle qui récompense les actes, et tel le forgeron, il nous invite à battre le fer, tant qu’il est encore chaud.

D’aucuns diront qu’il s’agit là d’une forme de psychologie, de thérapie d’introspection, et vous avez raison. Il est différentes façons d’appréhender l’humain, et pour les bardes et la tradition celte, c’est par les éléments que cela se passe.

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L’introspection

 

Pendant 3 ans j’ai arpenté ce chemin seul, cherchant au travers des mots la signification de l’Être. J’étais accompagné par un tuteur, qui m’épaulait quand le besoin était là, mais du reste, mes pas m’éclairaient dans cette caverne sombre.

Comme bien d’autres, ce voyage ne s’est pas fait sans raison. Après mon Bac, j’ai vécu une dépression. C’est cette révélation qui m’a fait arpenter d’autres voies. Oh oui, elles étaient déjà là, mais il me fallait un petit plongeon pour mieux les observer. Deux choses m’ont servi ici : la méditation, que je pratiquais avec un groupe sur Angers, et les cours de l’OBOD, qui me donnaient des clés pour ouvrir les portes à explorer.

Je n’ai pas la prétention d’avoir toqué à toutes celles-ci, elles sont bien trop nombreuses pour cette vie, mais derrière elle, j’ai pu observer l’essentiel. Il prend différents noms selon l’endroit où l’on se trouve dans le monde, je le nommerai simplement Être. Et je pense que là sont le début et la fin du chemin : découvrir l’essence, ou plutôt se souvenir de ce qui n’a jamais bougé.

Le voyage par le conte

 

Le voyage immobile, je pense que cela résume assez bien mon parcours. Dès lors que l’on sait écouter, tout devient une expédition. J’appréciais déjà me délecter des histoires de voyages de mes amis, mais cette découverte du conte a fait prendre à mes sens une tout autre dimension.

Je citerai ici Henri Gougaud et Louis Ansa (Les 7 plumes de l’aigle) qui m’éclairaient sur les présents des mémoires. Celles-ci peuvent être classées en 2 catégories : les froides, qui ont a trait aux éléments factuels, et qui ne véhiculent qu’une information ; et les chaudes, qui ont a trait aux vécus, aux émotions que la personne a ressenti sur le moment. L’une est une information directe et rapide, l’autre, un long voyage dont le conteur est l’humain et le bateau, l’univers.

Ainsi donc, j’ai appris à écouter, à me plonger dans l’histoire, et à la vivre telle qu’elle m’apparaît. Bien sûr, les images qui me viennent sont issues de mon coffre interne. Chaque conte peut être vécu sous bien des couleurs, mais ce qui compte, c’est ce qui s’y passe, ce que l’on y trouve. Pierre Olivier Bannwarth m’a beaucoup appris à ce sujet, et je le remercie chaudement pour les voyages qu’il m’a offerts ainsi. Et c’est là que réside sans doute le secret de nos anciens conteurs : vivre plutôt qu’analyser.

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Au quotidien

 

Concrètement, qu’est-ce que j’ai fait ? Eh bien, j’ai suivi les cours que l’on m’envoyait, j’ai effectué les exercices, tantôt de méditation, tantôt de pratique physique, parfois de recherches, parfois d’art. J’ai pioché dans ces carnets, les éléments qui parvenaient à mon cœur, et petit à petit, j’ai appris à les aimer. Cela aurait pu se faire plus rapidement, ou plus lentement, mais comme le disait un vieux magicien : tout arrive précisément à l’heure prévue.

Il y a des jours où le bardisme est plus présent, d’autres un peu moins. Il ne s’agit pas de 6 ans d’études approfondies, mais de 6 ans où il m’a accompagné et m’a fait découvrir de nouveaux sentiers. À ses côtés je chemine toujours, mais désormais, je me dirige vers d’autres horizons. Les cours de barde sont terminés pour moi, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont oubliés ou qu’ils n’ont plus rien à m’apprendre. J’y reviendrai si le besoin s’en fait sentir. À ce jour, je me dirige vers la voie de l’Ovate (ou Vate), qui me réserve bien des surprises.

Une chose est sûre, j’arpenterai ces sentiers aussi longtemps que nécessaire, et si le cœur vous en dit, vous partagerai mes pérégrinations, au long des années et des siècles à venir.

Triade bardique

Trois choses qui confèrent à une personne des forces pour tenir tête au monde entier : comprendre la qualité et la beauté de la vérité ; pénétrer sous le manteau du mensonge ; voir à quelle fin mènent vérité et mensonge.

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